Une jupe, une robe ou un manteau accroché aux cintres pour y déposer un souci, une larme ou un paradis.
Ses yeux devant cet univers, cette terre de tissu et de couleur. Ses doigts touchant le coton, le velours ou parfois même la soie. Ses mains plongeant vers ses profondeurs, un abîme qu'elle souhaiterait sans fond.
Sa voix aigue, fendue : elle sera belle maman, hein, les enfants ?
Mais vous, les petits, n'êtes pas là pour contempler, confirmer, vous jouez dans votre océan de plastique et de métal.
La mère va vous chercher dans votre chambre, vous trouver, vous traquer pour vous ramener devant cette mer d'étoffes et de nuances, sa penderie.
Elle se déshabille devant vous, chaque vêtement choisi puis jeté à terre comme une plume d’oiseau. Dehors, il y a le cri lointain d'une corneille.
Et les heures d'après, vous, les enfants, toujours polis, agenouillés à terre.
Robes, jupes, larmes et paradis, comme vomis sur le parquet.
Et elle, roulée en boule dans son lit. Encore nue, couverture sur les pieds, épaules sanglotantes de n'avoir rien su choisir, revêtir ou mourir.
Au pied de la penderie, l'oiseau tué, duvet de vêtements multicolores, plumes abandonnés
et vous, les enfants, disant, murmurant : c'est bientôt fini, maman ?