Je serai au Triangle à Rennes en compagnie de Maylis de Kérangal le mercredi 12 février à 19 heures pour parler "Littérature et photographie".
Quand la photographie n’est pas une illustration, une redondance au texte, mais qu’elle suscite le texte ou agit en révélateur, le lecteur se surprend à retourner sur ses pas, à feuilleter encore et encore, à scruter et à s’interroger sur la création et la fabrique du texte. Marie Chartres et Maylis de Kérangal ont joué le jeu de cette rencontre du texte et de la photographie avec les maisons d’édition Les Inaperçus et Le bec en l’air. En sont nés deux livres très brefs, que l’on ne quitte que pour les offrir.
Maylis de Kérangal extrait de Pierre feuille ciseaux, éditions Le bec en l’air, 2012
«Le garçon et la fille y marchent l’un derrière l’autre, elle se faufile à merveille dans le feuillage, se déhanche et s’incline au gré des ronces et des fougères, souple, déterminée, quand lui avance plus lentement, chasse à grands gestes les insectes qui tournoient autour de lui, bien visibles dans les rais de lumière, ils progressent saoulés par l’énergie pulsatile, matérielle, qui abonde, ont bientôt de l’herbe jusqu’à mi-cuisse et des barrières de buissons denses à traverser en écartant les branchages. L’air est lourd, chargé d’humidité, il va pleuvoir.»
Marie Chartres extrait d’Immense et rouge, éditions Les Inaperçus, 2012
«Je ne veux plus rien savoir de cette histoire, je ne veux plus jamais l’entendre. Il baisse les yeux lorsqu’il le lui dit et puis il a ce mouvement de tête, toujours là, comme ça, comme s’il avait honte ou qu’il était blessé mais elle n’arrive pas à s’en empêcher. Elle veut toujours lui raconter l’histoire du petit oiseau au cimetière en caoutchouc.